mardi 18 février 2014

Un sens en moins




La philosophie considère la sensation comme la forme la plus élémentaire de connaissance. Ce traitement un peu méprisant mérite d'être retoqué au souvenir de deux expériences artistiques aux antipodes l'une de l'autre.

C'est d'abord ce formidable film sur la critique gastronomique L'aile ou la cuisse dans laquelle la perte du goût (agueusie) par Louis de Funes constitue un ressort dramatique essentiel. Essentiel comme l'est ce sens pour celui qui jauge les menus des restaurants mais pour tout à chacun d'entre nous.

Et puis il y a cette réflexion assertorique du Zenon chirurgien de Marguerite Yourcenar qui s'étonne qu'on raisonne sur le libre-arbitre des hommes alors que cet être fragile est presque privé de tout si on bouche l'accès d'un de ses sens majeurs.

Il y a une injustice faite aux sens. A la sensation, précisément parce que nous en sommes pourvus et que nous oublions sa puissance. Mais est-elle momentanément déficiente ? Mais est-elle recouvrée comme à l'exemple du fumeur qui retrouve des nuances du goût en abandonnant la cigarette ? Et nous voici perdus ou retrouvés.

On débat actuellement sur l'odorat et précisément sur les raisons de sa disparition. Objet majeur du Parfum, ce sens serait fragilisé par des causes acquises comme des grippes sévères ou des traumatismes. 
Et à part des rééducations olfactives complexes, il semble qu'aucune opération sur le nez ne soit en mesure de le restaurer comme quoi cette machine humaine intelligente est tellement bien faite qu'un peu de poussière dans ses rouages peut avoir des conséquences très lourdes. 

vendredi 14 février 2014

Chirurgie made in South Africa

L'Afrique du Sud fait partie des BRICS. Normal, du coup, que sa classe moyenne soit aussi tentée par la chirurgie esthétique. C'est un fait limpide que la pyramide de Maslow permet d'exprimer clairement. La satisfaction des premiers besoins permet l'éclosion de besoins plus élevés, plus idéaux, les besoins associés à l'image de soi et à la reconnaissance.
On parle pour le pays de feu Nelson Mandela d'une augmentation de 780% des demandes d'intervention et le phénomène concerne aussi bien les femmes que les hommes, les blancs et les noirs. Évidemment, à l'instar de ce qui se passe en Chine, il y a une demande des femmes noires pour des interventions d'atténuation de certains de leurs critères physiques. Les chirurgiens notent par exemple de nombreuses demandes de réduction des lèvres.
Du côté des femmes blanches, il y a un parallèle à faire avec les britanniques. Les demandes concernés le nez, les surcharges localisées et bien entendu le ventre notamment avec ce que les anglo-saxons appellent le Tummy Tuck, c'est-à-dire l'abdominoplastie, cette intervention qui consiste à redraper la peau du ventre.

Pour moi, l'engouement des sud-africains pour la chirurgie plastique est clairement le signe d'un progrés. Un progrés économique évidemment mais bien entendu également un progrés social, dans la mesure où l'envie d'améliorer la forme de sa silhouette et d'embellir son visage font partie des signes d'une société confiante, plus rassurée qui a foi dans l'avenir.