mardi 18 février 2014

Un sens en moins




La philosophie considère la sensation comme la forme la plus élémentaire de connaissance. Ce traitement un peu méprisant mérite d'être retoqué au souvenir de deux expériences artistiques aux antipodes l'une de l'autre.

C'est d'abord ce formidable film sur la critique gastronomique L'aile ou la cuisse dans laquelle la perte du goût (agueusie) par Louis de Funes constitue un ressort dramatique essentiel. Essentiel comme l'est ce sens pour celui qui jauge les menus des restaurants mais pour tout à chacun d'entre nous.

Et puis il y a cette réflexion assertorique du Zenon chirurgien de Marguerite Yourcenar qui s'étonne qu'on raisonne sur le libre-arbitre des hommes alors que cet être fragile est presque privé de tout si on bouche l'accès d'un de ses sens majeurs.

Il y a une injustice faite aux sens. A la sensation, précisément parce que nous en sommes pourvus et que nous oublions sa puissance. Mais est-elle momentanément déficiente ? Mais est-elle recouvrée comme à l'exemple du fumeur qui retrouve des nuances du goût en abandonnant la cigarette ? Et nous voici perdus ou retrouvés.

On débat actuellement sur l'odorat et précisément sur les raisons de sa disparition. Objet majeur du Parfum, ce sens serait fragilisé par des causes acquises comme des grippes sévères ou des traumatismes. 
Et à part des rééducations olfactives complexes, il semble qu'aucune opération sur le nez ne soit en mesure de le restaurer comme quoi cette machine humaine intelligente est tellement bien faite qu'un peu de poussière dans ses rouages peut avoir des conséquences très lourdes. 

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